vendredi 2 mai 2008

Du changement à la crise

Nous connaissons l'inquiétante évolution que prend actuellement le climat de
notre planète. Les
derniers rapports du GIEC,
dont l'analyse s'affine régulièrement depuis 2001 à mesure que les études et
indices s'accumulent, sont formels, désignant toujours la même cause la plus
importante (à côté d'autres facteurs moindres et parfois naturels) :
l'augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES) dans notre atmosphère, le dioxide
de carbone (CO2) en tête. Le problème fait à peu près l'objet d'un
consensus, mais sembler préoccuper variablement les personnes (une étude
indique que le réchauffement climatique ne serait que la 25ème préoccupation
des gens), y compris les instances dirigeantes. Tous reconnaissent qu'il y a
des choses à faire, mais avec une urgence relative. On est quand même pas au
bord du gouffre selon eux, et même selon certains scientifiques.

"Eh bien si" déclare un scientifique. Encore un illuminé ? Un docteur
n'importe qui ? Oh que non...
Le bonhomme, c'est James Hansen, directeur de
l'institut Goddard pour les Etudes Spatiales de la NASA, et décrit comme son "meilleur
climatologue" par la
dépêche de l'AFP. En 2006, le
Times le listait dans ses "100 personnes les plus influentes dans le
monde".

Hansen dit 2 choses. Tout d'abord, la situation est plus critique qu'on nous
le dit. Le niveau dangereux de CO2 dans l'atmosphère (385
parts/million) n'est pas à venir, il a déjà été atteint. Ensuite, que la
situation ne risque pas de s'arranger dans la mesure où l'influence des
fournisseurs des énergies fossiles, celles qui créent du CO2 (le pétrole, et
le charbon dont on commence à relancer l'exploitation), est énorme. Le
problème est que 90 % de l'énergie consiste en des carburants fossiles. C'est
un business tel qu'il a imprégné notre gouvernement, déclare Hansen.
L'industrie trompe le public et les policitiens sur la cause du
changement climatique. C'est comparable à ce que les fabriquants de cigarettes
ont fait. Ils savaient que fumer provoquait le cancer, mais ils ont engagé des
scientifiques pour dire que ce n'était pas le cas. Pour lui, les mêmes
armes que celles employées contre les cigaretiers pourraient se révéler les
seules efficaces contre cette compromission supposée : l'action en justice.

Mais pourquoi Hansen sort-il tout d'un coup du bois, comme çà, à crier au
complot et à l'apocalypse, en marge d'autres scientifiques ? Dans cette
situation particulière, nous avons atteint une crise, comme s'il avait
détecté une faille dans la navette spatiale et qu'il ne pouvait faire autrement
que de la signaler avant son décollage. Les gens qui doivent savoir
ignorent le statut véritable du problème, la gravité du problème et, plus
important encore, l'urgence du problème. Et les solutions, peut-être
plus drastiques, peut-être plus urgentes, qu'il conviendrait de prendre. Les
usines à charbon par exemple, devraient selon Hansen être totalement fermées
d'ici 2030, et leurs émissions fortement taxées d'ici là.

John Howard, ancien premier
ministre de l'Australie, présent lors de la
déclaration de Hansen alors que ce dernier recevait alors le prix du Common
Wealth pour son travail, réagit plutôt positivement, alors qu'il avait
refusé de signer le protocole de Kyoto quand il était aux affaires :
Je pensais que ce n'était pas la bonne politique à l'époque parce que les
émetteurs principaux [de GES] n'étaient pas présents. Il y a
besoin d'un nouveau protocole de Kyoto avec tous les émetteurs majeurs
impliqués.

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